La Defense by Night

Mon rendez-vous dans le quartier de La Défense est bien en retard ce soir là. Je décide de sortir du gouffre de la gare RER encore bien animée en cette fin de journée. Aprés deux trois coups de langue sur les vitrines, je décide également de sortir de ce centre commercial futuriste que j'ai exploré des centaines de fois. Je me retrouve donc sur la gigantesque Esplanade au pied de la Grande Arche. Je me rends compte que je n'ai probablement jamais gravi de ma vie les marches blanches de ce monument financier. La haut, sous l'Arche, la vue est plongeante sur l'Esplanade que je connais bien du côté qui donne vers Paris et son Arc de Triomphe. La nuit commence à tomber doucement, la temperature est douce pour un début de soirée d'Avril. Je décide de me poser de l'autre côté des marches de l'Arche, vers Puteaux, où les derniers rayons du soleil s'engouffrent entre les tours. Le quartier économique de Paris est bien calme maintenant que la nuit tombe. Mon regard se pose sur ces immeubles, ces gigantesques tours qui me font penser un peu à Manhattan. Mon père deteste cet endroit. Lui, le parisien de souche, né juste avant la deuxieme guerre mondiale et qui a du travailler les 15 dernieres années de sa vie active içi et à contre-coeur. C'est confirmé, mon rendez-vous de ce soir sera vraiment en retard et je vais pouvoir continuer ma contemplation. J'adore vraiment cet endroit moi. Je décide donc d'aller faire un tour du côté de la tour où j'ai travaillé pendant deux ans. Pour m'y rendre je dois passer quelques incontournables monstres du quartier, et les premiers immeubles d'habitation. Ces gens qui vivent et travaillent les uns sur les autres (la voix de mon père qui jure contre les architectes du quartier resonne dans ma tête). Ces habitants, je les envie presque. Eux qui sont nuit et jour au coeur de l'action et des avancées technologiques. Au coin d'une tour, je suis perdu. Un sentiment étrange s'empare de moi. Comme dans un rêve, je sais exactement où je suis sans vraiment reconnaitre tous les éléments qui sont plantés là. Le décor autour de moi est distordu. L'éclairage est different, ce chemin est plus large, cet immeuble futuriste en travers de la route et cette passerelle qui n'existait pas. Je retrouve tout de même le nouveau chemin vers la tour que je cherchais. Dieu merci, l'entrée n'a pas changé et cela va pouvoir satisfaire pendant quelques minutes mon envie de revivre un peu le passé. Ce hall géant en marbre et ce cul-de-sac en béton sur le côté du bâtiment feront trés bien l'affaire. Les souvenirs d'une époque révolue s'épaississent enfin. Mon shoot sur "Memory Lane" commence. Il va m'en falloir un tout petit peu plus mais l'entrée de la tour est fermée. Dommage je serais bien rentré m'avachir dans ces grands canapés en cuir et sentir leur odeur. Je fais le tour par derrière, pour regarder par les fenêtres, la couleur des murs est d'un bleu éclatant à l'opposé du vert olive de l'époque mais je reconnais quand même une salle de réunion içi, une colonne de béton par là. Le reste de l'open-space a été massacré par des murs. C'est l'heure pour moi de redescendre. L'attraction est terminée et mon rendez-vous est presque arrivé. Dans la vieille gallerie qui relie mon passé à la réalité rien n'a trop changé. Le restaurant, le coiffeur, la banque et la saleté me réconfortent un peu pas aprés pas. Retour à la réalité, la gare RER, ma soirée dans le présent va pouvoir commencer.